Great Walk Part IV : la rando les pieds dans l'eau
/Vingt quatre heures après avoir foulé le sol néo-zélandais je rencontrais un groupe composé de quatre allemands sympathiques, tous venant d'horizons différents. Ils souhaitaient faire la fameuse Great Walk le long des côtes du parc d'Abel Tasman et me proposaient de me joindre à eux pour le faire...dans 5 mois. Ni une ni deux, j'acceptais la proposition car dans tous les cas je comptais l'effectuer, donc autant partager les souvenirs !
Fin Février donc, on se rejoint à Nelson pour peaufiner les derniers détails de la rando sur six jours dont un orienté kayak. La marche étant "one way" il nous faut réserver les navettes de départ et d'arrivée ainsi que les kayaks. Les deux premiers points rapidement faits, la réservation des embarcations navales s'avère plus compliquée car notre journée sur l'eau se situe au milieu de la randonnée et aucune compagnie n'autorise d'excursion sans guide à cet endroit. C'est donc plus cher, mais surtout encore mieux puisque ce sera au milieu d'une réserve marine protégée. Vendu ! Tout est fin prêt, les noodles dans le sac, le maillot de bain enfilé c'est parti pour six jours d'escapade à travers ce parc.
En plus de Carolina, Stefen et Felix, la quatrième allemande n'ayant pas pu venir finalement, Hami (une amie de Stefen from Hong-Kong) et Valentina nous ont rejoint pour cette aventure. On embarque dans le bus depuis la petite ville de Motueka en direction du point de départ de la marche. Après trente minutes, le véhicule s'arrête. Nous pensons être arrivés à bon port mais notre chauffeur nous demande de rester assis dans la navette jusqu'à son retour. Au bout d'une vingtaine de minutes, toujours rien. Certains en profite pour changer l'eau des olives (merci Antho pour cette métaphore parlante) et puis on l'aperçoit partir dans une autre navette. On demande à un autre chauffeur qu'est ce que c'est que ce bins; il nous a bien oublié. Heureusement ce nouveau driver nous conduit jusqu'au lieu désiré, la randonnée peut enfin débuter, promis !
Le ciel bleu nous accompagne pour ce premier jour qui offre déjà de belles vues sur la mer turquoise et les plages de sable fin du parc. Après quelques heures de marche nous arrivons au campement qui nous accueillera pour la nuit qui arrive. Comme on arrive assez tôt on peuut profiter de la plage à 5 minutes et du refuge pour une partie de UNO. Ce terrible jeu addictif nous accompagnera pendant toute la durée de la rando. Simple, international, fun les parties s'enchainent avec la plage et le soleil couchant en toile de fond.
Le deuxième jour la marche continue et offre cette fois des passages dans les terres pour admirer les "Cleopatra pools", des grosses cavités remplis d'eau fraîche pour revigorer les randonneurs. Du bush à la plage, la traversée du parc est vraiment agréable avec un dénivelé quasiment absent c'est définitivement la Great Walk la plus simple.
Lors de la deuxième nuit en camping, nous avons le plaisir de partager la tente avec d'agréables petits rongeurs attirés par les barres de céréale. Ils ont réussi à percer un trou dans la toile et s'introduire dans nos sacs de provision ! Ca fait drôle le matin de voir ses vivres rongés, surtout que je les avais entendu mais pensais qu'ils étaient à l'extérieur. Bref, maintenant on est prévenu, toute la bouffe dans les sacs à dos fermés.
La troisième journée nous laissons nos baluchons au camp pour rejoindre le bateau qui nous emmène à notre point de départ de kayak sur mer. Il ne fait pas vraiment beau mais bon sur l'eau, la pluie n'est qu'un détail ! Nous avons donc un guide spécialement pour nous qui nous dirige le long des côtes et dans les petites criques à l'intèrierur des terres. C'est vraiment super de découvrir le parc sous cet angle et la faune (dont deux belle raies aperçus!) qui jouit de ce coin de paradis. La mer est plutôt mouvementée elle aussi, mais ça ajoute un côté aventure à l'excursion ! Le midi on a le droit à un sachet déjeuner qui inclut un irrésistible gâteau au chocolat...divin pendant une randonnée de 6 jours de noodles.
Notre guide en profite pour nous raconter l'histoire de ce fameux Abel Tasman qu'on entend partout. C'est l'heure pour moi d'inaugurer une nouvelle rubrique : la minute Stéphane Bern !
La minute Stéphane Bern
Abel Tasman était un explorateur hollandais qui découvrit la Nouvelle-Zélande en 1642. Sans pour autant s'y arrêter, il s'est approché par la côte ouest du pays dont il fut vraiment impressionné par les sommets enneigés qui se dressaient devant lui. Ces derniers ressemblaient tellement aux massifs alpins européens que l'on donna par la suite le nom d'Alpes du sud à ces reliefs. Le navigateur remonta les côtes fraîchement découvertes pour arriver en haut du pays, dans la Golden Bay (là où se trouve le parc) pour délivrer une bataille féroce avec la population locale, les maoris. Il perdit quatre de ses hommes et décida d'appeler cette baie à l'époque la "baie des assassins". Il décrit dans son livre de voyage ce peuple comme sauvage, non éduqué et meurtrier. Bien sur, il faut comprendre que les maoris à cette époque n'avaient jamais vus d'aussi grands navires, avec d'aussi grandes voiles et de si grands canons. De leur côté, l'histoire raconte donc que le dieu de la mer était furieux ce soir de pleine lune et voulait emmener avec lui des maoris au fond de l'océan.
Le reste de la randonnée continue tranquillement les trois jours d'après, toujours le long de ces superbes côtes avec l'eau bleue qui ne nous quitte pas des yeux. Il y a deux passages de la marche qui se font à marée basse car ils traversent des portions immergées à marée haute. Pour le premier, nous arrivons trop tôt, bloqués par l'eau...tant pis nous traverserons après quelques parties de UNO ! Quand au deuxième il se situe le dernier jour avec une marée basse après le p'tit dej': parfait ! Les chaussures de marche retirées, les pieds dans l'eau c'est avec bonheur que nous avançons les orteils dans le sables sur ce tracé paradisiaque.
On déniche également un bon spot pour se jeter dans l'eau depuis une falaise en toute sécurité. L'adrénaline est bien au rendez vous du haut des rochers.
Avant de débuter cette Great Walk, j'avais un peu peur d'être déçu, moi qui suis plus montagne que plage, peur de l'affluence et peur de la monotonie des paysages. Mais en fait pas du tout ! La nature encore une fois offre des images dont on ne se lasse pas, avec des couleurs paradisiaques, des chutes d'eau splendides et des plages qui n'en finissent pas. Ce fut un bonheur de longer ces côtes intactes dont seule la nature a le secret de façonner.
Bref, encore pleins d'excellents souvenirs avec de nouveaux compagnons de voyage ! Et quel bonheur de se baigner par 30° dans des eaux turquoises un mois de Février...